Compte Rendu du voyage à Agadez, du 4 au 17 février 2010


Par Jacques LERNOULD, secrétaire, et Alain DENIS, président de l’association.



Jeudi 4 février :


Départ de Roissy, merci à Jacqueline, Marie-Paule et Gilles pour leur aide logistique. Décollage vers Niamey à l'heure ! 11 h.
Arrivée à destination à 16 h. Rosmane nous accueille à l’aéroport et nous conduit à notre hôtel.
Il faudra calmement supporter les nouvelles conditions climatiques.

Vendredi 5 février : Préambule dans la capitale :


Passage obligatoire à la banque, achat de tongs chinoises pour Jacques qui a trop chaud dans ses baskets, elles dureront 10 jours !
Direction gare routière pour réserver les places de bus pour Agadez le lendemain.
Réunion de travail avec Rosmane au sujet de la pompe manuelle.
Comparaison des devis, capacité des différentes entreprises.
Reconditionnement des bagages pour les livrer à la gare routière. Artisanat
Visite du marché artisanal et des boutiques en ville en vue de nos achats à notre retour sur Niamey.

A midi nous nous offrons un petit plaisir, du capitaine grillé (succulent).
Visite d’une école dont 7 classes préfabriquées viennent de Chine. On nous dit que 750 classes de ce type vont être installées dans le pays. Nous détaillons les imperfections et estimons la durée de vie de ces constructions à 5 ans, on est loin de la qualité de nos constructions en dur à Abalan, pour parait-il, le même coût.

Samedi 6 février : Voyage épique :


Réveil à 4 h du matin (sans petit déjeuner) pour être à la gare routière à 5 h et bénéficier de bonnes places dans le bus. Départ à 6 h pour Agadez.
Tous les cars prêts à partir sont dans un triste état. Les plus récents (chinois) ne semblent pas adaptés aux conditions locales.

Notre chauffeur est très prudent, ce qui n’est pas le cas des Rambos fadas qui doublent et se redoublent sans cesse !
Nous apprécions la présence de Rosmane pour ce dur voyage. Nous parcourons 940 km. sans encombre, mais quelle fatigue ! Nous arrivons au poste de contrôle d’Agadez à 19 h, on nous confisque nos passeports que nous espérons bien récupérer le lendemain.
Enfin nous nous installons à l’hôtel. Il est 20 h, et, agréable surprise, nous pouvons prendre un vrai repas, le seul de la journée.

Dimanche 7 février : Retour à l’école :

Le dernier bâtiment
Tri du matériel scolaire mélangé avec nos affaires personnelles.
Passage au commissariat pour récupérer les passeports (Jacques était inquiet !).
Livraison de 600 stylos 4 couleurs, 1100 stylos à bille, 700 crayons, des règles, rapporteurs, équerres, gommes, taille-crayons, 4 ballons, une corde à sauter, 40 T-shirts, 12 maillots de foot et des cadeaux pour nos amis et personnalités (remerciements à tous nos donateurs pour ce matériel).
Visite de l’école. Nous constatons que nos bâtiments ont bien résisté aux pluies diluviennes de septembre. Le bâtiment UNICEF a été réhabilité par un programme spécial d’aide locale. Les portes des sanitaires ont été réparées. L’impression d’ensemble est bonne, l’école est bien entretenue. Quelques arbres ont survécu.
Visite des écoles Toudou et Neuve Toudou, 4 classes préfabriquées chinoises sont en assemblage. Nous nous rendons sur le site de reconstruction du collège Toudou qui a été déplacé sur le quartier d’Abalan, à 1,5 km de notre école. Rappelons que ce collège était constitué de 5 classes en paillote et n’a pas résisté aux inondations. Ce nouveau collège est construit en matériaux définitifs par un programme spécial de l’Education Nationale. Notre intervention éventuelle dans ce collège est donc devenue sans objet.

Nous passons dans les quartiers dévastés par les inondations et on nous explique que des bornes ont été placées par la mairie pour délimiter les zones inondables et inconstructibles.
De ce fait, de nombreuses familles sont venues s’installer à Abalan et visiblement le quartier se densifie, à tel point que de nouvelles classes deviendront à terme nécessaires.

Nous nous rendons chez les chaudronniers pour faire confectionner 2 tuyaux devant servir à la construction de notre four à économie de bois. Palabres interminables pour se faire comprendre, maquette à l’appui ! Heureusement que Rosmane à compris ce que l’on attendait, nous en profitons pour acheter une marmite adaptée à ce four.

Lundi 8 Février : Cérémonie :

Danses
Nous avons rendez vous avec le nouvel inspecteur d’académie Mohamed AOUI. Nous évoquons ensemble l’arrivée de nombreuses familles déplacées par la mairie et qui ne pourront se réinstaller dans leur ancien quartier.
Le problème est de faire face à la demande de scolarisation dans le quartier d’Abalan. Il est clair pour tout le monde que la capacité de l’école d’Abalan a atteint ses limites. Une possibilité apparaît : pourquoi ne pas créer une nouvelle école dans ce quartier qui est vaste, cette école pourrait s’appeler Abalan 2.
La décision reviendra aux services de l’urbanisme et à la Mairie.
Nous réglons le solde de l’achat des 2900 cahiers pour les 11 écoles des quartiers ouest et prenons livraison des tuyaux ; le travail a été bien fait.
A 16 h nous sommes conviés à la cérémonie d’accueil à l’école et nous distribuons les cahiers aux différents directeurs de toutes les écoles concernées. Chants, discours, palabres, remerciements, etc.

Mardi 9 février :


Nous partons de l’hôtel à 9 h et tournons 1 h avec notre chauffeur pour trouver de l’eau minérale.

Le four, un sujet brûlant ...

A table !
Nous prenons livraison de l’argile pour la confection du four. Tous les deux, nous sommes partis pour une journée continue en plein soleil à malaxer de l’argile et monter le four (coups de soleil garantis). Le gardien nous aide à mélanger l’argile et l’eau. Nous sommes encouragés par de nombreux spectateurs et espérons transmettre cette expérience. A 17 h nous rentrons fourbus à l’hôtel.
Nous avons rendez-vous avec un soi-disant professionnel du pompage qui s’engage à venir le lendemain matin avec son matériel pour nous permettre de faire des mesures du débit du puits.

Mercredi 10 février : Le puits, un sujet profondément intéressant !


Rendez-vous à 9h30 devant le puits, le matériel n’est pas là, nous ne verrons jamais le spécialiste. Au bout d’une heure d’attente, nous décidons de faire avec les moyens du bord. Nous sommes agréablement surpris de voir un groupe d’hommes autour de nous prendre les affaires en mains : trouver un arbre fourchu pour supporter une poulie, une corde de 35 m, une outre et un bidon de 300 l.
Pendant la préparation du matériel, nous mesurons la profondeur : nous trouvons 29,5 mètres et une hauteur d’eau de 11,2 mètres. Matériel installé, nous sortons 300 litres d’eau, le niveau a baissé de 30 centimètres. Puis nous retirons 600 litres d’eau, le niveau descend de 30 centimètres supplémentaires. Un puisatier présent sur le site nous dit : c’est un bon puits ! Alain Denis mesure
Nous arrêtons là nos mesures, persuadés que ce puits pourra fournir 4 à 500 litres d’eau journaliers pour les besoin de l’école (remerciements à nos bénévoles, Jacqueline et Jean, qui ont confectionné le système de mesure).
En fin d’après-midi, nous peaufinons l’aspect du four.
Nous avons rendez-vous avec Angela du PNUD (Programme de développement de l’ONU) pour évoquer les déplacements de population et la nécessité d’adapter les capacités d’accueil des écoles primaires. Elle nous présente Rolando de l’OCHA (Bureau pour la coordination des affaires humanitaires de l’ONU) qui est chargé de recueillir les informations concernant les actions de toutes les ONG présentes à Agadez.
Le soir nous dinons avec Joëlle, une amie française qui représente le consulat de France.

Jeudi 11 février : Satisfactions !


Nous renouvelons la mesure de la hauteur d’eau dans le puits : nous constatons que le niveau est remonté de 40 centimètres, à 11 mètres.
Quelques finitions du four, puis nous faisons une démonstration de chauffe de notre marmite. Avec très peu de bois, nous faisons bouillir un peu d’eau et expliquons aux habitants présents qu’ils peuvent eux aussi fabriquer ce four et que les tuyaux sont récupérables indéfiniment.
Remise officielle du matériel scolaire dans les classes, les stylos 4 couleurs offerts par la Mutuelle de la RATP font sensation.
Dans l’après midi, nous rencontrons le responsable de l’urbanisme pour avoir des informations sur les conséquences du déplacement imposé à 400 familles dans le quartier d’Abalan. Celui-ci nous indique qu’il va falloir repenser les infrastructures scolaires, nous en sommes bien conscients et que l’école d’Abalan ne saurait accueillir plus d’élèves sous peine de créer des problèmes. Nous évoquons également la possibilité de créer Abalan 2.

Vendredi 12 février : Visites et décisions :

Match
Nous avons rendez-vous avec le Maire d’Agadez que nous connaissons déjà.
Une nouvelle fois, nous abordons la question du développement des infrastructures scolaires. Nous évoquons la possibilité de créer Abalan 2 à proximité du nouveau collège. Nous suggérons que tous nos interlocuteurs ayant pouvoir de décision se rencontrent pour prendre une décision. Une lettre sera envoyée par la suite pour préciser notre proposition.
En fin de matinée, nous assistons au traditionnel match de foot. Les joueurs arborent fièrement les maillots donnés par le Club de Sports du Ministère des Finances, le ballon tout neuf est très apprécié.
L’après-midi est consacrée à une réunion avec Rosmane où nous faisons le point des investissements demandés. Il est chargé de revoir l’entreprise qui a été retenue pour installer la pompe à motricité humaine.
Nous décidons également d’acheter 60 mètres de tissu pour confectionner un faux plafond dans la classe à structure métallique.

Nous rendons une petite visite à la famille de notre directeur et visitons sa maison. Sa femme nous a préparé du poulet et des frites. Il est 17 heures, on se force un peu pour ne pas vexer. Ceci dit, c’était très bon.
Puis, comme chaque soir après une journée de chaleur poussiéreuse et de travail, c’est avec plaisir que nous rejoignons notre hôtel climatisé et notre restaurant habituel où, ce soir, nous avons invité Rosmane et sa femme Hadiza. Le séjour à Agadez touche à sa fin et il nous faut rassembler nos forces pour affronter la route demain.

Samedi 13 février : La route, notre traversée du désert :


Convocation à 6 h à la gare routière, notre chauffeur est en retard, c’est la seule fois ! Mais on se fait du souci, le bus ne nous attendra pas. Finalement nous arrivons dans une gare déserte, sommes nous en avance ? On s’est trompé de jour ? Jacques s’assoit sur une couverture posée sur un banc. Manque de chance, il y quelqu’un qui dormait dessous. Le jour commence à se lever, les voyageurs aussi, les petits commerçants arrivent et les mendiants aussi.
Départ à 7 heures. Etat du bus indescriptible. On se dit que l’on n’arrivera jamais, le pare-brise complètement fêlé tient avec des poutres en bois.
A la sortie de la ville, formation en convoi sécurisé. En fait, on apercevra 1 pick-up avec une mitrailleuse et des soldats débraillés. pshitt
Sur la piste faite de cailloux, nous éclatons un pneu. Une heure pour changer de roue. Nous sommes en pleine brousse. Nous subissons le nuage de poussière soulevé par les dizaines de camions qui nous doublent à renfort de klaxon.

Vingt kilomètres plus loin, il faut s’arrêter à Abalak pour réparer la roue, il n’y a qu’une roue de secours ! A chaque arrêt il faut ajouter 5 litres d’eau dans le réservoir qui n’en peut plus de cette chaleur. Les chauffeurs nous prennent à témoin des conditions de travail et donc de transport de cette compagnie.
Arrivée à Tahoua. Le chauffeur tente de faire le plein de fuel. Il y a trop de camions devant nous. Si on attend, nous n’arriveront jamais à temps pour franchir le dernier point de contrôle avant la nuit. Le chauffeur essaie vivement de négocier un bidon, peine perdue, et finalement nous rejoignons Koni et là on nous attend avec un bidon de 30 litres, ce qui nous permet de rejoindre Niamey. Le voyage a duré 16 heures. Complètement épuisés, poussiéreux, il nous faut encore avoir la force de négocier le prix du taxi pour notre hôtel. Comme nous n’avons pas envie de rire, c’est nous qui fixons le prix, et ça marche !

Dimanche 14 février : Le repos des guerriers :


Nous avons bien mérité une journée de repos et nous en profitons pour nous offrir un bon repas et passer un moment à la piscine de l’hôtel, plus une ballade le long du fleuve Niger où nous découvrons des maraichers avec de beaux choux et de belles salades. Les lavandiers sont toujours à pied d’œuvre. Nouveauté : ils font sécher le linge non plus sur la berge, mais sur du fil de fer…. barbelé ! A table !
Nous passons très très vite devant une tannerie en activité !




Lundi 15 février : Jour de marché :


Négociations toujours animées au marché artisanal installé au musée pour acheter des bijoux et autres objets locaux. Nous trouvons des choses nouvelles, espérons que notre choix va plaire.
L’après midi, nous rendons visite aux artisans touaregs du quartier Château d’Eau.
Un des artisans nous reconnaît grâce au reportage radio dont nous avons été les vedettes à Agadez lors de la distribution de cahiers.
A chaque sortie de nos chambres d’hôtel, nous menons des discussions sur la place avec les boutiquiers. Cela peut durer des heures, ensemble, on refait le monde !

Mardi 16 février : Changement de climat :


Il faut se faire une raison, c’est notre dernier jour dans ce pays !
Dernière baignade, séance bagages pour répertorier nos achats, ranger, optimiser.
Formalités, banque, aéroport pour confirmer notre vol, les mesures de sécurités sont renforcées. Nous apprendrons qu’il y a eu un coup d’état le surlendemain. Est-ce lié ?

Décollage le 17 février à 0h45 et arrivée à Roissy ( encore à l'heure ... ) avec 40° de différence de température.
Plus tard nous apprendrons que nous avons pris le dernier avion avant que les frontières ne soient fermées pour cause de coup d’état.







© Lernejac