Compte Rendu de voyage à Agadez (le cinquième)

Notre cinquième voyage s’est déroulé du 5 au 12 février 2007.

Y ont participé : Alain DENIS, président de l’association, Jacques LERNOULD, secrétaire, Delphine DIEZ et Emmanuel DENIS, deux adhérents venant de l’Aveyron.
Alain était chargé de l’organisation générale : réservations, visas, préparation de la mission, etc.
Jacques s’est impliqué dans l’achat de l’artisanat et surtout dans la gestion quotidienne des finances.
Delphine organisait avec Rosmane, le directeur de l’école, les rendez-vous sur place.
Emmanuel prenait des notes pour écrire ce compte-rendu, avec la complicité de Delphine pour la saisie dactylographique.
Merci à tous pour cette aide précieuse.
Nous étions accompagnés par Gérard DESROCHES et Emmanuel RIMATEI de l’association Aide Intégrée Au Développement Durable Solidarité. Ils étaient chargés de monter un dossier de financement, auprès d’Electriciens sans Frontières, du système de pompage solaire

Lundi 5 février 2h15


Nous allons partir ensemble pour une semaine à AGADEZ, au nord du NIGER dans le Sahel. Nous quittons donc notre campagne aveyronnaise plutôt tranquille, la petite ville de SAINT-AFFRIQUE, ça ne s’invente pas, pour rejoindre ANTONY.

Malcolm, toujours aussi ponctuel, nous a tous conduit à l’aéroport, pour le rendez-vous à 3h15 du matin. Aucun retard à signaler ; nous fûmes bercés par les décollages et atterrissages successifs ...

Quel bonheur de retrouver l’Afrique et sa chaleur incomparable. Alain se crée une première sueur froide en cherchant les bagages dans le tas improbable sortant de l’avion.

Dix minutes plus tard, Rosmane nous accueille avec de l’eau fraîche commandée par téléphone, puis nous nous trouvons face à une nuée d’enfants et leur banderole de l’école d’ABALAN, vêtus, avec les femmes, de leurs superbes costumes de fête.

Quand aux hommes, ils se sont présentés à nous, demandant des nouvelles de Jacqueline, Marie-Paule, Dieter, Marie-Claude, Danièle et Catherine, (ayant participé à des missions précédentes).



A peine rentrés à l’hôtel plein de charme, que déjà, le Marabout Issouf Mouhatane nous honore de cadeaux. Puis nous nous rendons à l’école.

Tout le monde nous y attend. C’est en musique et avec des « Viva Alain » que les femmes et les enfants nous saluent. Je me prends au jeu du serrage de mains des écoliers qui se précipitent pour nous toucher. Nous assistons aux chants et danses qu’ils ont préparés les semaines précédentes. Une grosse émotion nous envahit tous.



Ensuite, dans une classe, nous faisons le point au sujet du puits et du château d’eau. Alain insiste pour faire comprendre à tous que les idées de projets pour l’école doivent venir des parents. Evidemment, tout le monde est absolument d’accord.

Puis nous nous rendons au puits pour constater les 25,60 mètres déjà creusés. Alain suggère sur le cahier de chantier l’importance de protéger ce trou énorme par un couvercle. En fait, il sera décidé plus tard de fabriquer un couvercle en deux demi-lunes...

Par ailleurs, nous pouvons constater que le jardin de Daniel est complètement asséché... par manque d’eau. Mais un groupe de filles est venue en délégation pour demander des graines à Alain.

Ces élèves veulent s’occuper du jardin dès qu’il y aura de l’eau. Le travail de Daniel n’est pas vain.

Le lendemain mardi,

Nous nous réunissons avec Rosmane, Gérard et Emmanuel, pour changer de l’argent. Première déception : l’opération est impossible, après moult tentatives : pas de liquidités !

Plus tard, à l’école, nous assistons à une réunion des instituteurs des écoles d’Agadez. Cela nous permet de nous faire une idée sur leurs méthodes de travail : une première remarque au sujet du comportement des élèves quand ils veulent répondre et une seconde à propos de l’écriture de la date au tableau. Rosmane intervient pour présenter des excuses pour le retard dans l’avancée des travaux.

Jacques s’inquiète de l’absence d’un des deux ânes ; le gardien lui apprend que son neveu est parti avec le second âne chercher du fourrage. Ce voyage lui prendra une semaine, pour ramener de quoi manger pendant quinze jours. Le temps, dans ce pays, prend un autre sens...

Il faut ensuite montrer le puits à nos amis électriciens. C’est ainsi que, désirant connaître la réelle quantité d’eau présente à ce moment-là, je suis invité à descendre dans le puits pour constater les 15 cm de profondeur d’eau. Expérience plutôt sympathique à vrai dire, la fraîcheur du fond du puits, les pieds dans l’eau, est un privilège à ce moment-là de la journée. Puis c’est au tour de Gérard de descendre prélever un échantillon d’eau pour analyses.

Nous tardons un peu, les femmes de l’école nous offrent alors un peu de leur cuisine, hum, j’en salive encore.

Après des formalités de change plutôt compliquées, retour à l’hôtel ; la valse des vendeurs peut commencer. C’est la bousculade devant la grille de l’hôtel et ce n’est pas fini... Les négociations sont difficiles, longues et fatigantes.

Le mercredi,

jour des enfants chez nous, Delphine et moi avons quartier libre. On se laisse alors tenter par le plaisir du marchandage qui laisse parfois un goût de « je me suis fait eu... ».

Pendant ce temps, le défilé continue à l’hôtel.

Le lendemain, jeudi,

Alain et Delphine nous ont prévu une virée dans le désert, dans la région de Tiguidit au sud est. En fait, les dunes avancent sur AGADEZ petit à petit, venant du nord et de l’est, dues aux vents comme l’harmattan. Ainsi AGADEZ est probablement vouée à être complètement isolée dans un nouveau désert saharien. La route goudronnée est déjà, par endroits, ensevelie sous des nouvelles dunes. Les camions n’hésitent pas à foncer dedans pour créer un passage, à leurs dépends. Il arrive qu’ils restent bloqués plusieurs jours, le temps de dessabler, voir même, sous nos yeux d’être abandonnés! Les passagers décident alors de continuer à pied.

Vendredi matin, à 7 heures,

Alain reçoit à l’hôtel Mohamed Touraoua, président régional des associations d’élèves, et vice président national. Ils ont évoqué l’avenir de nos investissements à l’école d’Abalan. Mohamed est assez tenté par une aide aux écoles situées en périphérie d’Abalan, pour éviter les inscriptions massives à l’école d’Abalan. (577 élèves à ce jour) Alain précise que cette orientation très importante sera débattue lors des prochains conseils d’administration et à la prochaine assemblée générale.



Nous poursuivons l’enchaînement des rendez-vous. Ainsi, à la réunion avec l’UNICEF, plusieurs sujets sont abordés. A propos de la construction de la dalle pour le puits, on nous répond qu’il y a beaucoup de procédures qui reportent les projets... Les cinq mètres qu’il reste à creuser sont déjà financés, mais l’entreprise est en retard sur le calendrier. D’après les études géophysiques qui ont duré un an, il est certain qu’il y a de l’eau dans les nappes.

C’est après un petit cours sur les façons de procéder des maires et chefs de quartier que nous quittons l’UNICEF.


Entre tous ces rendez vous, Gérard nous explique un peu de technique sur le pompage envisagé: la pompe sera alimentée en courant continu, sans batterie, par des panneaux solaires photovoltaïques. Il faudra expliquer aux parents d’élèves que aussi bien la pompe que les panneaux doivent être entretenus.



Gérard souligne que la capacité du château d’eau est à revoir en fonction de plusieurs paramètres (débit du puits, consommation prévisible...)

Nous allons rencontrer une dernière fois les parents d’élèves. C’est sur une question simple que s’engage la conversation :
Que va leur apporter le puits ?

Les femmes présentes ne manquent pas d’idées :

- le puits doit être couvert, pour éviter les dépôts d’ordures et les accidents.

- L’eau pompée sera plus salubre que celle transportée dans les bidons.

- L’eau à l’école, au-delà du problème actuel de déshydratation des enfants, permettra d’améliorer l’hygiène élémentaire des écoliers. En effet, les problèmes sanitaires dus au manque d’eau entraînent des maladies dermatologiques.

- Quelqu’un ajoute aussi que l’eau sera utile pour créer des plantations.



En ce qui concerne la maintenance légère, une formation est prévue pour le contrôle de fuites des canalisations et le nettoyage des panneaux solaires.

Pour l’entretien plus lourd, une entreprise locale spécialisée sera engagée par les parents d’élèves.

Il faut aussi souligner l’importance d’une prise de conscience globale ; Gérard nous rappelle à tous qu’une pompe a une durée de vie de 5 à 7 ans pour une valeur de trois millions de francs CFA. Le calcul est simple : si chacune des 250 familles cotise 150 francs CFA par mois pendant 7 ans, les fonds nécessaires pour le remplacement de la pompe seront atteints. Les familles devront signer un contrat pour montrer leur engagement et assureront la bonne tenue du compte en banque.
Pour conclure cette réunion et expliquer l’aide que reçoit la population, Alain indique que la construction du château d’eau,
de son alimentation et de l’adduction coûteront 24 millions de francs CFA.
Le Marabout rappelle, au nom des familles, la bonne volonté qui les anime, et remercie les responsables du projet : L’association des Amis de l’école d’Abalan et l’AIDDS.

Puis ainsi que décidé par le conseil d’administration, l’école reçoit un cahier par élève, puis le matériel que nous avons convoyé, soit 4 500 stylos, des règles, des compas, des équerres et des gommes, 3 ballons de foot et 12 cordes à sauter. Merci aux établissements scolaires d’Antony pour leurs dons.

Le samedi, nous n’échappons pas au match de foot cérémonial qui est prévu le matin. C’est avec enthousiasme que Jacques, Alain, Gérard et moi-même y participons, à la grande joie de tous les élèves. Les filles sont de grandes supportrices de leurs équipes et nous faisons honneur à cette atmosphère de fête.

Le creusement du puits se poursuit pendant la semaine, l’entreprise accumule les retards, et le sous sol rocheux ne favorise pas le fonçage manuel. Compte tenu de ces événements, il est prématuré de décider la construction du château d’eau.

Pour notre dernière journée, nous honorons des rendez-vous, d’abord chez l’inspecteur d’académie Iba Aboulaye Erembel, pour faire le point de notre travail à Abalan. De bonnes idées pour l’avenir semblent émerger : une rénovation de la construction métallique de l’UNICEF qui est un vrai four, pour en faire un atelier d’apprentissage pris en main par de vrais formateurs. Bien sûr c’est une idée pour du long terme. Alain en profite pour laisser du travail à Rosmane et aux parents d’élèves : - il faudrait combler les dégâts causés par les pluies autour des fondations des classes. - Puis, pourquoi pas, créer des activités de sciences naturelles grâce aux graines données par Daniel et les graines de moringa apportées par Alain.

Nous sommes un peu déçus de ne pas avoir rencontré le Sultan, celui-ci étant en déplacement. Ses représentants nous confirment qu’il porte un grand intérêt à notre association.

Ensuite nous sommes reçus par le nouveau chef de quartier Iddine Walélé afin de préciser, autour du thé touareg, les détails de notre venue à AGADEZ.

Puis le député d’Agadez Cherif Abidine nous reçoit chez lui pour un échange de vues portant notamment sur l’efficacité des projets ciblés menés par les petites ONG. Le député nous remercie pour notre engagement auprès de l’école d’Abalan et nous assure son soutien.



C’était encore une semaine bien remplie.

Nous pouvons saluer nos amis électriciens pour l’apport technique et la rigueur dans la gestion du projet.

Merci également à Rosmane pour sa présence à nos côtés, à notre chauffeur Mokthar toujours à l’heure, au personnel de l’hôtel Tellit pour sa serviabilité et à ceux qui nous ont nourris du début à la fin.

Merci aux femmes du quartier pour leurs sourires, aux enfants pour leurs rires, merci aux gens d’être ce qu’ils sont, merci à Jacques pour ses jeux de mots parfois drôles (hi, hi), merci à Alain pour son énergie et son implication totale.

AGADEZ, c’est bon, on reviendra !

Après un voyage bien rempli, les valises pleines d’objets artisanaux destinés à la vente, nous retrouvons à Roissy Malcolm, toujours ponctuel, et la pluie qui nous rappelle que nous sommes en hiver.



Dès à présent nous pensons à notre future mission en février 2008, les adhérents intéressés prendront contact avec Alain, il faut s’y prendre dès maintenant pour une bonne organisation du séjour.





© Lernejac